Officiellement, et selon la Constitution, l’éducation au Pérou est gratuite et obligatoire dans les institutions publiques jusqu’à l’école secondaire. La réalité est pourtant bien différente de cette déclaration d’intention.
Comme pour le secteur de la santé, le clivage entre école urbaine et école rurale est flagrant. Ce sont les problèmes intrinsèques à la vie en campagne : les centres éducatifs sont souvent très éloignés du lieu de vie des enfants (plusieurs heures de marche par jour sont souvent nécessaires) ; la réalité des enfants dans les campagnes est très différente de celle des villes (ils doivent obligatoirement participer aux tâches de la famille, emmener les bêtes au pâturage, couper du bois, etc). De plus, l’éducation interculturelle-bilingue est plus un vœu pieu plus qu’une réalité (ce qui limite les possibilités d’apprentissage des enfants de peuples autochtones) et il n’y a souvent qu’un professeur pour tous les niveaux. Le caractère obligatoire de l’éducation est donc fortement limité par la situation géographique.
De plus, le caractère gratuit est lui aussi à relativiser. Officiellement, l’école est gratuite, et l’inscription n’est conditionnée à aucun paiement. Cependant, l’inscription à l’APAFA (Association des Parents d’Elèves) est obligatoire et est relative au ‘’prestige’’ de chaque établissement. De plus, jusqu’à l’heure d’aujourd’hui où la question fait débat, l’obligation d’acheter des livres scolaires neufs (par pression des grandes éditions) ainsi que qu’un uniforme est une réalité dans un grand nombre d’établissements même publics, bien que son obligation soit interdite par la loi. Pour ces motifs, un certain nombre de familles péruviennes n’envoient pas leurs enfants à l’école, par manque de moyens économiques.
Parmi ces classes sociales désavantagées, la population féminine est la plus touchée. L’éducation des filles n’est pas prioritaire par rapport à celle des garçons lorsque la famille n’a pas les moyens d’envoyer tous ses enfants à l’école. L’autre grande barrière à l’éducation des filles est le problème des grossesses adolescentes, qui poussent les jeunes filles de 14 à 17 ans à abandonner la segundaria (équivalent de du collège + lycée). Le manque d’accès à la santé sexuelle oblige les jeunes filles à chercher coûte que coûte un travail qui puisse leur permettre de vivre décemment avec leur enfant, les empêchant par là même de finir leur éducation secondaire.
Malgré cela, l’éducation au Pérou est en nette amélioration. L’exode rurale a favorisé l’envoi des enfants à l’école (plus accessible en ville que dans les campagnes). En arrivant en ville, les enfants sont à la charge d’un parent, d’un ami, d’une connaissance du village, et rentrent pendant les vacances) ; . En conséquence, le taux d’alphabétisme s’est amélioré, passant la barre des 90% dans le courant des années 2000. Malgré les difficultés mentionnées, les efforts pour améliorer l’éducation rurale sont réels et la croissance économique que connait le Pérou depuis 10 ans donne plus de moyens à l’Etat pour soutenir ces efforts ; l’éducation –primaire- est en nette progression par rapport à ce qu’elle était 15 ans auparavant.